Nouvelle trajectoire est une série d’interviews de personnes inspirantes qui ont décidé de changer de trajectoire de vie pour aller à la découverte du monde, d’eux même tout en pensant à l’écologie.
SOMMAIRE
Racontez-nous votre parcours
Nous sommes Léo et Célia, en couple, et nous avons fondé Twomorrow ensemble début 2021. À l’origine, nous avons fait des parcours plutôt classiques (Sciences Po pour Célia et une École de commerce pour Léo). Célia avait déjà monté une entreprise dans la mode éthique pendant ses études, puis avait rejoint une startup en tant que Directrice Marketing et Communication. Léo de son côté, s’était également dirigé vers un poste de Responsable Marketing en startup. Nous avons quitté nos CDI en même temps pour créer Twomorrow : au début un projet de voyage pour aller à la rencontre des solutions au changement climatique en Europe. Nous sommes partis pendant 6 mois pour créer le livre Twomorrow, un condensé de positif et de concret pour savoir ce qui a de l’impact dans la lutte contre le changement climatique.

Par la suite, nous avons structuré nos activités et aujourd’hui, notre entreprise comprend un média, une académie et une agence marketing-communication pour des projets à impact. On travaille exclusivement sur les sujets climat pour sensibiliser, responsabiliser, communiquer, faire prendre conscience et faire parler d’initiatives positives.
Pourquoi cette prise de conscience et ce voyage, quel a été le déclic ?
Pendant le confinement, nous avons eu du temps pour approfondir nos connaissances sur les questions liées au climat. Au-delà du sentiment d’urgence qui est vite apparu, nous avons réalisé que rien n’était devenu plus important que ces enjeux. Alors logiquement, quelques mois plus tard, nous avons décidé de quitter tous les deux nos emplois pour nous lancer dans une aventure engagée, qui avait davantage de sens et d’impact. En somme, nous souhaitions passer d’une valeur “capitalistique”, à une valeur “sociétale”. Avec du recul, c’était probablement une manière détournée de lutter contre notre éco-anxiété !
Quelles conséquences a eu ce voyage sur votre vie ?

Ça a radicalement transformé notre quotidien : nous sommes passés de la consommation à la sobriété, du voyage court en avion à du voyage long et bas carbone. Nous avons changé notre mode de vie et tenté de sensibiliser notre entourage à faire de même. Nos compétences professionnelles ont été redirigées vers ces sujets climatiques et nous y consacrons désormais toute notre énergie. Pas de retour en arrière : le sujet est beaucoup trop important pour que l’on s’en détache maintenant que l’on se renseigne et que l’on sait. Nous nous efforçons également de partager tout cela : à la fois à nos clients mais également au grand public à travers des animations d’ateliers ou bien du contenu quotidien sur les réseaux sociaux. Notre compte instagram commence à être bien fourni pour celles et ceux qui cherchent à creuser ces sujets ! (ICI)
Qu’avez vous appris durant ce voyage ?
La première chose, c’est que malheureusement l’écologie n’est pas un choix, pas un droit et pas un devoir. On a observé trop d’injustice sociale pour se dire que tout allait se mettre en place facilement. Du haut de nos études, c’est très facile de tomber dans la moralisation et le “il faut faire ça”. Mais on oublie souvent que les personnes les plus touchées par les changements radicaux de société ou de transition, sont les plus démunis. Il n’y aura pas de victoire écologique sans justice sociale.
Deuxième chose, je dirais l’adaptabilité de l’humain. Dans chaque situation difficile que nous avons pu traverser lors de ce tour d’Europe, nous nous sommes adaptés. C’est à la fois terrifiant de se dire que l’on s’habitue. Mais c’est également rassurant de voir que notre volonté de survie est puissante, et permet de transformer des comportements.
Dernier point : c’est important de se forger des opinions. Les sujets climatiques, comme de nombreux autres, ne sont pas exempts de fake news, de désinformation et de lobbys. Il est donc primordial de trouver de bonnes sources, de démêler le vrai du faux, de combattre des a prioris. On a vu récemment que les croyances climatosceptiques avaient tendance à augmenter, ça fait peur. Alors on s’efforce de transmettre chaque jour des infos vulgarisées pour que les gens puissent prendre des décisions éclairées dans leur vie.
Quels sont les gestes écolos importants en van ?

L’impact de nos voyages se retrouve dans toutes nos activités : les km parcourus, ce que l’on mange, la gestion de nos déchets, les produits d’entretien, ce que l’on consomme etc. Alors évidemment tous les gestes ne se valent pas mais voici les principaux conseils :
- Réduire le nombre de kilomètres. Cela peut sembler évident, mais le “slow travel” a des conséquences positives très importantes sur le bilan carbone.
- Nous avions fait poser un économiseur de carburant à hydrogène sur notre moteur avec Logikko. Cela a réduit de 18% notre consommation et de 37% notre pollution locale.
- On peut adopter un panneau solaire sur le toit du van pour être autonome en électricité.
- Manger local, végétarien et de saison.
- Utiliser des produits de beauté hygiène bio ainsi que des produits d’entretiens (pour se doucher, les toilettes, etc.) qui ne détruisent pas la biodiversité.
Quelques anecdotes du voyage
Tout d’abord, il faut savoir que nous sommes partis sans avoir jamais fait de van avant, et que nous avons fini l’aménagement du notre 10min avant de prendre la route. Donc ce qui devait arriver arriva, nous avons eu beaucoup de galères : quelques passages au garage, de mauvais itinéraires, être en marche-arrière sur l’autoroute en Albanie, s’engouffrer dans des passages trop étroits, etc. Mais surtout, on a compris très rapidement que se déplacer avec un van de 3 tonnes dans des régions vallonnées, cela n’avait rien de commun. Célia vient de la montagne et a l’habitude d’y conduire. Et pour autant, après une descente assez stressante en Suisse (au tout début du voyage), elle commence à sentir une odeur de brûlé. On s’arrête et on sort du véhicule. Et là, moment de panique en voyant les roues qui prennent feu. De la fumée et une odeur très forte s’en dégagent, on se sent démunis. Évidemment on fait ce qu’il ne faut pas faire : mettre de l’eau dessus… Ce qui, on l’apprendra plus tard, aurait pu casser le frein à cause du choc thermique. Bref, notre assurance nous porte secours et on peut repartir sereinement 1h après. Plus de peur que de mal !
Et demain, quelle est votre nouvelle trajectoire de vie ?

Après avoir édité le livre et vendu 2600 exemplaires, on s’est lancés dans la réalisation d’un podcast. Notre sponsor Leboncoin nous a suivis sur la saison 1 qui comporte 8 épisodes, toujours sur la thématique des solutions au changement climatique.
Par ailleurs, nous publions tous les jours des décryptages écolo sur notre Instagram.
Désormais, nous avons envie de nous relancer dans un gros projet : un film-documentaire. On a déjà un fil rouge assez précis, le sujet porterait sur la compréhension de l’inaction climatique, et le passage à l’action. D’où le nom du film “(in)action”. L’objectif serait de comprendre les mécanismes (biologiques, sociologiques, philosophiques, etc.) qui nous figent dans l’inaction, puis d’aller trouver des personnes ou entités qui ont dépassé ces barrières pour s’engager. C’est un grand saut dans le vide puisque nous partons de zéro, mais c’est ultra excitant. Nous partons en tournage à la fin de l’année pour une sortie mi-2024.
Un dernier mot sur l’écologie ?

On a tout appris sur le tas donc le principal c’est de se lancer. N’attendez pas d’être experts sur les sujets, personne ne l’est. N’attendez pas d’être irréprochables, personne ne l’est. L’écologie c’est rarement une question de “meilleur”, mais plutôt de “moins pire”. Alors déconstruisons ces idées libérales de compétition et agissons au maximum de nos capacités ! Renseignez-vous, lisez, posez des questions, rencontrez des gens. Ça ne pourra que nourrir votre soif de comprendre et de passer à l’action.
Twomorrow project
Hyper intéressant !!