Ah, les semis ! Ce moment crucial où vous donnez à vos graines et futurs plants les meilleures chances de prendre un bon départ vers les beaux jours. Une bonne préparation est, une fois encore, le meilleur moyen de vous assurer une récolte prospère. Mais, pas de panique, les erreurs sont simples à éviter si vous respectez ces deux règles : patience et timing.
SOMMAIRE
Terre, eau, lumière.
Ceci n’est pas le début d’une formule de sorcellerie mais bien les trois éléments à maitriser pour assurer une bonne germination à vos graines. Reprenons tout d’abord les bases d’SVT (qui sont plus ou moins loin pour vous et moi) : une graine est dite “en repos” lorsque les conditions autour d’elle ne sont pas réunies pour qu’elle puisse germer. Dans la nature, la graine attend ainsi le moment le plus optimal pour utiliser la réserve d’énergie qu’elle possède, garantir sa pousse et, à terme, sa reproduction.
Chez nous, nous pouvons favoriser cette germination en imitant les conditions idéales selon chaque espèce. Pour les légumes et fruits d’été, ces conditions sont assez proches : humidité, chaleur et nutriments.
Terre
Lorsque la germination a lieu, la graine possède une source de nutriments propre, contenus dans la graine, mais qui sera rapidement épuisée. Pour l’aider à grandir avec la force nécessaire, donnez à vos semis un sol riche et aéré, se rapprochant de l’humus qui se forme en forêt au début du printemps.
Si vous avez un composteur ou un lobricompost, mélangez le compost à du terreau universel ou à de la bonne terre équilibrée. Sinon, un terreau spécial semi fera très bien l’affaire. Privilégiez-le bio (dont la décomposition n’a pas été accélérée à l’ammoniac), avec la mention NF et sans tourbe (les réserves de tourbe de la planète étant dangereusement faibles, mettant en péril les écosystèmes de nombreux pays).
Eau
Sans les pluies du printemps et en cas de sécheresse, pas de germination ! Lors du lancement de vos semis, assurez-vous que vous serez chez vous les premières semaines pour arroser vos plants régulièrement et leur éviter tout stress hydrique qui pourrait les fragiliser, voir les tuer.
Ainsi, maintenez vos semis humides en arrosant dès que vous constatez que le dessus de la terre s’assèche. Pour éviter de plier la plantule (jeune plant qui est encore au stade des deux premières feuilles) avec le poids de l’eau, arrosez avec un arrosoir muni d’une poire fine, d’un vaporisateur ou, à défaut, d’une bouteille sur laquelle vous aurez pris soin de trouer le bouchon plusieurs fois avec une aiguille.
Certaines variétés peuvent être lancées en eau. C’est le cas par exemple de vos restes de légumes : pied de salade, de poireau ou graine d’avocat par exemple.
Vous pouvez également faire germer vos racines comme le gingembre ou le curcuma, ou des bulbes comme la patate douce ! Plantez alors des cures-dents dans le légume et laissez le premier tiers inférieur dans de l’eau que vous changerez régulièrement.
Une fois les premières tiges hautes d’environ 5cm, divisez votre plant en laissant une tige par bout et plantez-les en terre !
Lumière
L’élément souvent déterminant du semi car il est celui le plus difficile à contrôler.
Le plus simple reste d’avoir une serre, une pièce bien orientée ou un rebord de fenêtre lumineux. Les plus équipés d’entre vous peuvent imiter la lumière du soleil grâce à une lampe à UV ou un potager autonome, mais cela à un coût en plus de consommer de l’électricité. À privilégier si (et seulement si!) vous êtes orienté plein nord ou dans une région vraiment sombre.
Pour les autres, disposez vos semis sur une fenêtre orientée sud ou ouest, le plus proche possible de la lumière, dans une pièce à la température entre 18 et 21° à chaleur constante pour favoriser la levée qui devrait apparaitre en 5 à 7 jours. Plus la température est élevée, plus la germination est rapide.
Attention cependant ! N’augmentez pas votre chauffage à fond dans l’espoir d’avoir des tomates en un mois ! Le ratio lumière/chaleur est le plus difficile à gérer au début : en effet, si votre plant ne reçoit pas suffisamment de lumière et trop de chaleur, il risque de filer. Il semblera alors tout étiré vers la lumière, sa tige fine et inclinée sur le côté.
Si cela vous arrive, trois solutions s’offrent à vous :
- Baissez la température et pivotez régulièrement le contenant pour alterner le côté exposé par la lumière et limiter l’étirement du plantule.
- Au moment du repiquage, enterrez le plant jusqu’aux feuilles pour favoriser la pousse d’une tige plus épaisse.
- Recommencez les semis plus tard, lorsque les jours seront plus longs et le temps plus ensoleillé.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à échelonner vos semis en en plantant 3 tournées à 3 semaines d’écart pour multiplier les chances de réussite.
Quoi, quand, comment semer ?
Il n’y a pas de secret pour savoir quand planter vos graines : regardez le paquet ! Chaque variété à ses spécificités et ses dates optimales de plantation.
Quoiqu’il en soit, entre février et avril, de nombreux semis peuvent être lancés. Nous parlerons ici de ceux dont la croissance doit débuter sous abri, en intérieur, en pot et non en pleine terre.
Quoi ?
Pour vos graines, privilégiez ici aussi les graines de semenciers à label bio. Vous pouvez aussi faire du troc avec vos voisins ou avec les associations locales. Faites votre choix selon vos envies et les variétés d’été, comme vu le mois dernier. Si vous souhaitez vous lancer dans la production de vos propres graines, évitez les sachets portant la mention F1, ce qui signifie que l’espèce est hybride (elle risque de ne pas produire de fruit l’année suivante).
Une fois vos graines plantées, étiquetez les sachets restant avec l’espèce, l’année (si cela n’est pas précisé sur le paquet) et conservez-les à l’abri de la lumière et de l’humidité, idéalement sous vide, pour maximiser leur taux de germination d’une année sur l’autre. Vous pouvez aussi les conserver au congélateur, ce qui repousse leur durée de germination, mais vous risquez de tout perdre si vous faites face à une longue panne d’électricité.
Quand semer ?
Dès que possible !
Certains légumes d’été ont une croissance assez longue, comme les tomates, les aubergines ou les poivrons. Plantez-les le plus tôt possible pour que les plants soient suffisamment vigoureux aux beaux jours. Vous pourrez alors les mettre en terre. Cependant, dans les régions chaudes, il peut être tout aussi rapide d’attendre début avril pour les semis de mars. En effet, la luminosité et la chaleur supérieure permettront aux plants d’avoir une croissance rapide et de rattraper les plants lancés plus tôt. Pas de panique donc, si vous avez un peu de retard ! Tentez l’expérience et comparez avec vos amis, vos voisins ou les forums spécialisés.
Comment semer ?
Plusieurs solutions de contenant existent pour démarrer ses semis : caissettes ouvertes, pots individuels (biodégradables !) ou mottes compactées.
Vous pouvez donc acheter vos contenants ou les faire maison :
- Rouleaux de papier toilette : pliez-les par en dessous pour les fermer puis remplissez les de terreau. Disposez-les sur un plateau en plastique ou une soucoupe car le carton va se fragiliser une fois humide.
- Pots en papier journal : enroulez le journal autour du manche et pliez-le en dessous. Humidifiez le papier puis tassez-le dans le socle. Attendez que le papier sèche un peu puis enlevez le support.
- Boite d’œuf : la solution la plus simple, il suffit de remplir votre boite de terre. C’est tout !
- Coquilles d’œuf : un contenant original qui apportera également de nombreux nutriments à votre plante une fois en terre ! Au moment de la plantation, pensez simplement à casser la coquille entre vos doigts pour permettre aux racines de s’étendre.
Avant de planter, laissez tremper vos graines quelques heures dans de l’eau. Cela assouplira la membrane extérieure et humidifiera la graine. Cette étape n’est pas obligatoire mais facilitera la levée de vos graines.
Mélangez le terreau avec de l’eau jusqu’à ce qu’il puisse presque former une boule qui se tient et remplir jusqu’au rebord le contenant de manière uniforme. Tassez la terre en tapotant le contenant plusieurs fois sur une surface. Ne tassez pas avec vos doigts au risque de rendre la terre trop compacte.
Semez deux graines par pot. Recouvrez de 2x la taille de la graine de terreau et arrosez en pluie fine. Par la suite, supprimez la plantule la plus faible si les deux graines germent.
Pensez à étiqueter ! Pour cela, utilisez simplement des bâtons de glace (mangez la glace au préalable) ou écrivez directement sur le pot.
Trucs et astuces pour épater vos copains
- Disposez une bouteille en plastique coupée et retournée sur votre semi pour lui assurer une bonne humidité. À supprimer dès l’apparition des pousses pour éviter la pourriture.
- Deux semaines avant de les planter en extérieur, sortez vos semis quelques heures par jour pour les acclimater. N’allez pas les promener en même temps que votre animal de compagnie, sortez-les simplement sur un rebord de fenêtre.
- Achetez des plants déjà levés. Si toutes vos tentatives de semi échouent, passez directement à l’étape d’après en vous procurant des plants vigoureux chez votre maraicher ! L’ultime tricherie qui vous permettra de gagner du temps, même si c’est une solution plus onéreuses.
Problèmes et solutions
En cas de difficulté avec vos semis, utilisez notre antisèche pour résoudre vos problèmes ! Vous trouverez ci-dessous les problématiques courantes, les raisons et comment résoudre la situation :
Mes graines ne germent pas
Les graines ne sont pas viables : prendre des graines fraiches (problème de temps ou qualité du stockage).
Le terreau est trop sec ou trop mouillé : semer dans un terreau humide, égoutter après arrosage ou vaporiser si le terreau est trop sec.
La température est inadéquate : les graines pourrissent si la température est trop basse ou cuisent si elle est trop élevée. Vérifier celle exigée et contrôler avec un thermomètre.
Les grains exigent des soins spéciaux : vérifier sur le paquet si la variété ne requiert pas un traitement spécial.
Mes graines germent mais ne lèvent pas !
Les graines sont incapables de pousser à travers une croûte séchée : ne pas surchauffer le contenant, vérifier quotidiennement si la surface du terreau est desséchée et se soulève. Alors ré humidifier.
Les graines sont semées trop profondément : recouvrir plutôt de vermiculite ou terreau très fin.
Mes plantules sont étiolées, pâles et chétives
Excès de chaleur et manque de lumière : si pas de lumière supplémentaire possible, baisser la température.
Mes semis se flétrissent
Manque d’humidité : vérifier quotidiennement l’arrosage.
Excès de chaleur avec ensoleillement direct même sur terreau humide : déplacer à l’ombre.
Mes plantules s’effondrent
Elles sont atteintes de la fonte des semis qui pourrit les tiges au pied : maladie fongique qui se produit après la germination ou le repiquage, faire plus attention à l’hygiène .
Mes semis ne se développent pas
Manque d’eau : La terre sèche et la plantule n’a pas l’hydrataion dont elle a besoin.
Trop peu de chaleur : les plantules fraichement levées exigent une température identique à celle de la germination, endurcir progressivement.
Manque de nutriment : repiquer rapidement les plantules ou distribuer de l’engrais liquide
Excès d’eau : ne pas trop arroser les petites plantules dans les grands pots ou les plantules repiquées récemment tant qu’elles ne sont pas adultes .
Maintenant que vous êtes incollable dans la théorie, il est temps de vous lancer dans la pratique !
N’oubliez pas que la réussite de vos semis sera dépendante des conditions que vous leur apporterez. Aussi, n’hésitez pas à en planter suffisamment pour pouvoir essayer différentes conditions : sur votre fenêtre, dans votre véranda, dans votre salle de bain, dans votre serre… Cela vous permettra de comparer entre deux « fournées » quel endroit de votre maison leur apporte satisfaction.
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Pauline Pillon
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